«Andrew & Paul»

"You don't know what i am"

Paul observait la voiture s’arrêter sur le parking du Tidalwave. Une magnifique Porsche grise, intérieure cuir rouge venait de se garer, ici sur une place devant le restaurant. Il l’avait suivi durant trente minutes entières pour voir où cette superbe voiture s’arrêterait. Cela faisait quelques mois qu’il ne volait plus, mais il ne pouvait pas laisser passer cette occasion, il voulait simplement faire un tour, il la laisserait surement dans une rue peu visitée des habitants pour la police puisse la retrouver. La vendre en pièce détachées n’était pas ce qu’on aurait pu appeler un « bon » plan, en effet, Paul venait de revenir à Détroit, et se faire repérer dès les premiers jours n’était pas la meilleure des idées. Un couple d’une cinquantaine d’années sortit de la Porsche et se rendit rapidement vers le restaurant, quelques mètres plus loin. Sa sœur n’approuverait certainement cette action mais il n’en avait strictement rien affaire. Cette petite peste qui l’avait poussé à revenir dans cette ville, qui ne rappelait que de mauvais souvenirs au jeune homme avaient tellement changé en dix ans. Oui dix ans que ces deux frères et sœurs ne s’étaient vus. Paul n’avait aucunement l’intention de s’attendrir, de vouloir former une famille merveilleuse comme toutes celles qui existent. Non, pour lui la famille n’avait aucun intérêt, sa mère l’avait quitté il y a quelques années sans un mot alors qu’il avait tout abandonné pour elle. S’en était trop, alors dorénavant, il vivait seul, et n’accordait sa confiance qu’en de rares personnes.
Paul descendit de son scooter, le laissa à plusieurs dizaines de mètres de son angle d’attaque. Il faisait nuit, il était 21h30 , Paul s’approcha discrètement de la voiture. C’est alors qu’il aperçut un jeune garçon, qui avait apparemment eu la même idée que lui, ce dernier rodait près de la porsche.
Il l’apercevait à peine dans le noir, mais c’était assez pour voir qu’il était plus jeune que lui, Paul s’avança de son air nonchalant près de lui et lança d’un ton presque ironique :
« Pousse toi de là petit, tu vas te faire mal »

(c) Spinelsuns

Spoiler:

Ft. Paul K. Fenden

You don't know what i am

The Tidalware

Matinée bénite durant laquelle les cours avaient été annulés. Une telle annulation valait bien qu’il ne s’y rende pas du tout de la journée. Il préférait de loin rester chez lui à étudier. Enfin, ça c’était ce qu’il se plaisait à faire croire aux autres, à sa mère surtout. Auprès de ces camarades et ses amis, il pouvait sans doute leur dire qu’il préférait aller draguer ou s’amuser mais du côté de sa mère, il voulait tant qu’elle soit fière de lui qu’il préférait lui cacher son côté « jeune adulte comme tout autre ». Il mentait à tout le monde et se complaisait dans ce mensonge même si de temps en temps, il préférait se dire que ce n’était que de l’omission et qu’il arrêterait bien tôt ce boulot quelque peu illégal. En soit, il agissait bien et jamais dans un but purement personnel mais la justice ne voyait pratiquement jamais ce léger détail. Et ne le verrait certainement pas de sitôt s’il continuait à agir comme aujourd’hui. Assis devant une grande demeure coloniale, Andrew nota tout ce qu’il pouvait sur les allers et venues des habitants et de la bonne. Encore de riches quinquagénaires qui pensaient que tous leur était du… Ces gens de cette espèce l’horripilaient énormément et il faisait tout ce qui était dans son pouvoir pour leur en faire part.
C’est sans doute ce pourquoi il décida de les suivre, eux et leur belle Porsche. Il ne ferait pas les choses à moitié et s’il s’approprierait les bibelots de la famille, il repartirait aussi avec une voiture somptueuse en prime. Voiture qu’il laisserait en vue devant une de ces maisons de West Street abritant une famille qui pourrait la revendre à bon prix. Il n’avait que faire d’une voiture, il n’en voulait pas et certainement pas obtenue par le vol mais l’offrir à une famille qui en aurait véritablement utilité était un but louable qu’il s’évertuait à atteindre.
Enfin, les bourgeois grisonnants délaissèrent leur véhicule, dans un parking qui lui laisserait l’amplitude nécessaire pour agir. Enfilant ses gants et vérifiant la position de son bonnet, il s’avança, admirant la carrosserie, observant le dessin du véhicule. Une voix le fit sursauter. Prêt à fuir, il se laissa dire que celui qui l’avait interpellé n’était pas là pour autre chose que lui-même. Un autre voleur aux horizons… voilà qui n’était pas sa veine. Andrew ricana et regarda son concurrent d’un temps.

ANDREW ▬ « Tu veux plutôt dire : je t’en prie, sers-toi, je risquerais de me casser le dos ! » Autre ricanement suivit d’un mouvement assuré vers le véhicule. « Merci beaucoup, j’apprécie cela dit ! Mais je ne voudrais pas que tu te froisses un muscle, je pourrais te reconduire chez toi au passage, ça ne pourra que me faire faire un petit détour dans le pire des cas. » Goguenard et moqueur, Andrew contourna le capot cherchant le meilleur angle d’attaque.

«Andrew & Paul»

"You don't know what i am"

Paul s’approcha légèrement de son interlocuteur. Il le percevait mieux à présent. Celui-ci tournait autour de la voiture. Une tête de fils à maman qui répugnait Paul, ce genre de garçon volait une voiture dans leur vie pour impressionner leur petite amie et leur montrer qu’ils n’ont peur de rien. Paul en avait rencontré quelques-uns à New-York, tous les mêmes ; ceux qui se dégonflaient dès le premier petit problème. Il s’adressa d’un ton totalement moqueur à Paul : « Tu veux plutôt dire : je t’en prie, sers-toi, je risquerais de me casser le dos ! ». Puis s’approchant de la voiture, avec un léger ricanement il enchaina. « Merci beaucoup, j’apprécie cela dit ! Mais je ne voudrais pas que tu te froisses un muscle, je pourrais te reconduire chez toi au passage, ça ne pourra que me faire faire un petit détour dans le pire des cas. » Paul rétorqua alors aussitôt d’un ton sec :
« Je ne tiendrai pas compte de ce que tu viens de dire ; parce tu ne me connais pas … » Et laissa sa phrase en suspens.
Le jeune imbécile ne quittait pas des yeux la Porsche et n’adressait pas un regard à Paul, celui-ci quant à lui le fixait d’un regard noir. Ce garçon semblait prêt à subtiler cette voiture à ses propriétaires, il observait chaque coin du parking, chaque passant. Paul n’était pas venu pour rien ce soir et comptait bien faire déchoir ce garçon quelque peu arrogant.
Paul, en le regardant de la tête au pied, s’adressa à lui d’un ton toujours aussi calme :
« Tu sais, pour impressionner les filles il y a d’autres solutions, alors retourne chez ta mère boire un chocolat chaud.»
Paul souhaitait blesser ce pauvre petit dans son orgueil pour le faire abandonner le plus rapidement possible, ce ne devrait pas durer indéfiniment. De toute façon, il n’avait pas toute la soirée.

(c) Spinelsuns

Ft. Paul K. Fenden

You don't know what i am

Les choses risquaient de se corser si le jeune homme face à Andrew refusait de déguerpir comme le faisait tous les beaux parleurs à l’approche de quelqu’un de plus qualifié qu’eux. Pas qu’Andrew se sente particulièrement supérieur mais il avait de la technique et apprenait beaucoup de ses erreurs passées. Dans le milieu, il avait su se faire repérer et appréciait la notoriété que cela lui conférait. Aussi lorsqu’une occasion telle que celle-ci se présentait, il refusait de se la faire voler sous le nez. Il riait au nez et à la barbe des riches mais refusait que l’on fasse de même avec lui. Il se considérait du bon côté de la barrière et ne voulait pas comprendre qu’on puisse ne pas avoir les mêmes souhaits que les siens. Pour lui, le vol ne devait pas avoir un but purement égoïste mais viser l’altruisme… malheureusement, c’était rare dans le métier.

A la réponse du gars face à lui, Andrew ne put retenir un ricanement. Oh oui, il ne le connaissait pas mais il n’en avait pas vraiment besoin, ce genre de gars avait toujours la même envergure et la même visée. Pour eux, le vol était grisant, occupait leurs journées et leur rapporter un peu d’argent en plus dans le portefeuille. Tout ce que le jeune Connelly ne voulait pas.

Toujours sans un regard pour le jeune homme, Andrew regarda à l’intérieur du véhicule, cherchant la faille. Toujours aucun passant, toujours aucun témoin … sauf cet homme qui semblait si sûr de lui et des raisons qui poussait Andrew à voler.

ANDREW ▬ « Parce que tu serais assez crétin, toi, pour raconter à quelqu’un et surtout une fille que tu as volé une bagnole ? Ne me prend pas pour ce que je ne suis pas.» Andrew avait relevé les yeux et fixait sans ciller le jeune homme qui osait prétendre qu’il n’était là que pour faire comme ces adolescents attardés. « Je ne connais pas ton nom et à vrai dire, je m’en fou mais j’espère que tu ne feras pas d’histoire et me laissera rendre service à ces bourges égoïstes en les délestant d’un poids. » Quant à s’attaquer à sa mère, ce n’était pas le meilleur moyen pour s’en faire un ami. « Non parce que je sais bien qu’une mère doit te manquer mais si tu veux bien, on va éviter de causer la dessus avant que je trouve le crique et te l’enfonce dans ton lobe frontal. Ce serait bête, ça te donnerait un air plus sympa … »

«Andrew & Paul»

"You don't know what i am"

Arrogant. Ce jeune garçon était totalement arrogant avec ses petits ricanements et ses mots sans aucun intérêts. Il voulait déstabiliser et faire fuir Paul, mais ce dernier ne comptait pas repartir sans cette magnifique voiture qu'il avait suivi durant une demi-heure. Le jeune insolent regardait tous les recoins pour trouver l'angle d'attaque le plus envisageable pour l’enlèvement de la Porsche. Paul, observait lui aussi les alentours en gardant toujours un oeil indiscret sur le garçon. Après avoir répondu au pic de Paul, le garçon releva les yeux et fixa d'un regard détermine le jeune trentenaire. Pourquoi l'était-il aussi déterminé? Voulait il se prouver quelque chose, ou simplement tenir tête à Paul ? Celui ci n'en savait, à vrai dire, vraiment rien mais cette personne l'agaçait au plus haut point. L'heure tournait, et il devait se dépêcher de partir au volant du bolide garé face à lui.
« Je ne connais pas ton nom et à vrai dire, je m’en fou mais j’espère que tu ne feras pas d’histoire et me laissera rendre service à ces bourges égoïstes en les délestant d’un poids. ». Paul sourit, "pas d'histoire", comme s'il allait faire une histoire. Rien de cette mascarade n'aurait eut lieu si ce gosse n'était pas présent au mauvais endroit au mauvais moment. Alors qu'il enchaîna très rapidement « Non parce que je sais bien qu’une mère doit te manquer mais si tu veux bien, on va éviter de causer la dessus avant que je trouve le crique et te l’enfonce dans ton lobe frontal. Ce serait bête, ça te donnerait un air plus sympa … ». S'en fut trop, ce n'était pas quelque mots qui atteindraient Paul, mais le garçon lui manquait un respect profond, et dans un élan d'amour propre il rétorqua
"Tu penses sérieusement que tes menaces me font avoir une quelconque peur ? Peut-être que tu effraies tes copains du lycée, mais ... Dégage ! Et laisse moi m'occuper de cette voiture."
Paul s’avança près du jeune homme, le poussant de l'épaule pour s'approcher mieux de la voiture en essayant de trouver rapidement comment l'ouvrir.

(c) Spinelsuns

Ft. Paul K. Fenden

You don't know what i am

Il fallait toujours quelqu’un pour lui compliquer la vie. Quand ce n’était pas un professeur, cela pouvait être sa mère et aujourd’hui, un autre voleur qui s’appropriait ce qui n’était en définitive à personne. Comment se débarrasser de lui ? Comment avoir suffisamment accès au véhicule pour qu’il devienne sien ? Ce n’était tout de même pas de chance que de tomber sur le véhicule convoité par une autre personne. Parmi toutes les personnes habitant Détroit, il avait fallu que ce soit celle-ci qu’Andrew prenne dans sa ligne de mire. Mais il avait tout prévu, jusqu’à la visite prochaine du domicile de ces bourgeois, il n’était pas question qu’il abandonne une part du butin. Il allait falloir prendre son poker face et rester presque indifférent. Il allait falloir qu’il se débarrasse du bonhomme encombrant qui l’empêchait de prendre la Porsche sur le champ. D’une façon, ça le faisait presque rire, de voir avec quelle malchance ils avaient choisi leur vol, tous les deux. Quelle coïncidence aussi. Ca énervait tout de même Drew de ne pouvoir se servir comme il voulait. Comme si l’autre se croyait plus apte à voler que lui. Il n’était pas né de la dernière pluie, ce n’était pas son premier vol. Il savait comment faire et appréciait peu qu’on le relègue au rang de petit qui découvrait le monde.
D’accord, il n’avait peut-être pas été tendre dans ses paroles mais tout de même, c’était l’autre … il avait pourtant vu qu’Andrew était déjà sur l’affaire alors pourquoi insister et ne pas tourner des talons ?! L’homme perdait son temps. Le jeune homme n’avait pas prévu de se laisser faire mais il ne voulait pas non plus en découdre. Il n’était pas pour la guerre mais préférait jouer la loi du plus malin et du plus astucieux. A qui réussira cette entreprise ! Et l’autre le bouscula en répliquant à sa provocation. Andrew sourit simplement. Le faire sortir de ses gonds était si facile. Il leva les yeux au ciel et se laissa bousculer mais repassa bien vite devant l’autre voleur sans esquisser un seul geste à son encontre.

ANDREW ▬ « Je ne sais pas depuis combien de temps tu prévois ce petit coup mais s’attaquer uniquement à leur voiture est un peu léger. Ça fait un bon mois qu’ils sont dans ma ligne de mire pour plusieurs raisons et tu n’as aucune meilleure raison que moi de t’approprier la Porsche. » Rester calme et garder cet air de jeune premier.

Le faire sortir de ses gonds encore une fois et obtenir de lui une lassitude ou une activation qui l’amènerait à l’erreur fatale. Il jeta un coup d’œil à sa montre.

ANDREW ▬ « Il nous reste exactement trente-huit minutes avant le retour du couple. Il va falloir arriver à un arrangement. » Grand sourire de celui qui sait tout, Andrew regarda son interlocuteur. « Bon dis-moi, tu es encore de cette espèce en voie d’extinction qui ne vole que pour lui ou tu as décidé d’évoluer ? De revendre le matériel, les pièces détachées ou même de partager ?... Boarf, tu n’as pas l’air d’un de ceux-là… alors t’es quoi ? Un gars désespéré ? T’a pas l’air pauvre. Alors c’est pour prouver quoi toi que tu voles les pontes de notre société ?!»